Presse 2008/2009
Jeff, le cœur en l'air, liquide le passé
Le Soir, janvier 2008
NOUVELLE ANNÉE, bonnes résolutions : Jeff Bodart met de l'ordre dans sa vie et sort, ce lundi, le plus personnel de ses albums.
« Mon problème est qu’il n’y a jamais de sonnette d’alarme chez moi. En fait, j’ai trop souvent confondu le monde avec une grande cour de récréation.. Je m’y sens bien. » .
Si c'est le rire de Miossec qu'on entend sur le nouveau disque de Jeff Bodart, Et parfois c'est comme ça, c'est celui de Jeff qui retentit quand on lui fait remarquer qu'il aurait pu nous inviter à son mariage avec la belle Armelle, annoncé cet été par la presse people belge. « C'est n'importe quoi. On ne s'est pas mariés. Je ne sais pas d'où ça vient. Ma mère m'a appelé : “T'aurais pu me le dire, que tu t'étais marié !”, qu'elle me lance. Ça m'a fait mourir de rire, cette histoire. Disons que, l'un dans l'autre, ça ne m'a pas dérangé. On a fait bonne figure, même si on ne trouve pas ça formidable. »
Ce qui est vrai, c'est que la vie de Jeff a changé. Oui, il est amoureux. Oui, il a décidé de mettre de l'ordre dans son existence. En espérant qu'il ne s'agisse pas, comme dans la chanson « Demain matin », d'une promesse d'ivrogne, lui qui met toujours du rhum dans son thé pour soigner un mal de gorge. « Je me suis dit à un moment qu'il serait temps de lever le pied. Avec ma vie de bâton de chaise, il était temps que je m'occupe à nouveau de mon métier de chanteur. Même si la sérénité ne sera jamais de ce monde, pour moi. Je serai un chien fou toute ma vie. Tout est une question de gestion. Et cette gestion sera, à l'avenir, plus harmonieuse, plus posée. Mon problème est qu'il n'y a jamais de sonnette d'alarme chez moi. Ce n'est pas qu'une histoire de fête. En fait, j'ai trop souvent confondu le monde avec une grande cour de récréation. Je m'y sens bien. »
Et puis, Jeff s'est rendu compte qu'à force de faire la fête, il en oubliait sa première et vraie passion : la chanson. C'est ainsi que quatre années se sont passées entre son précédent disque et celui-ci, le cinquième. Il se souvient encore de ce concert collectif, à Namur, à ce point gâché que le réalisateur dut sucrer sa prestation pour la diffusion télé. « J'étais en plein brouillard. Plus jamais je ne veux revivre ça. Ce fut une catastrophe qui restera gravée à tout jamais au fond de ma tête. J'avais dérogé à ma sacro-sainte règle de ne jamais boire avant de monter sur scène. En plus, je prenais des médocs, à l'époque. Le pire, c'est que ça atteint ma réputation de professionnel. »
Jeff s'est donc repris et s'est remis au boulot. Un nouveau groupe, des auteurs et compositeurs fétiches : Miossec, Bernheim, Duvall, Bergman, Robberecht, etc. Une plume retrouvée, aussi, pour parler de ce qui lui est arrivé ces derniers temps. Une sorte de thérapie réussie qui touche au sublime sur « De quoi j'ai l'air », qu'il a écrit : « L'âme perdue, la mine par terre / L'âme perdue, le cœur en l'air… » Comme dans « Ma carcasse », où il parle de ce corps qu'il a tant maltraité.
« J'assume mieux qu'avant »
Denis Moulin, le fils de Marc, a sobrement produit ces belles chansons. Jolies mélodies pour voix plus grave, et textes d'une grande honnêteté. « J'écris beaucoup de chansons, mais ce n'est pas nécessairement celles-là que je garde lors du tri. Car je suis toujours ébloui par ceux qui écrivent pour moi. Ils m'épatent, ils me font de beaux cadeaux. Il fallait un fil conducteur, et on a choisi les chansons en conséquence. Ça s'est imposé comme ça, sans les miennes. Peut-être qu'un jour, je ferai un disque avec mes seules chansons, mais ce n'est pas important. De toute façon, je participe à l'élaboration de toutes les chansons, même celles que je n'écris pas. Ça ne me tombe pas tout cuit dans la bouche. C'est personnalisé. Si ce disque est le plus personnel, c'est parce qu'avant, ça me faisait peur. Aujourd'hui, j'assume mieux ma vie de chanteur. Ma vie tout court, d'ailleurs. »
Au Botanique le 14 février. 02-218.37.32, www.botanique.be, www.jeffbodart.net. THIERRY COLJON
Haut de page