Jeff Bodart signe son album le plus personnel.
BRUXELLES Il n'a pas envie de faire un "gros mea culpa à la Dave Gahan" , mais il est prêt à en parler. D'ailleurs, Jeff Bodart a fait mieux : la sale (mais courte) période qu'il a traversée voici peu, il l'a mise en musique, se livrant comme jamais dans son dernier album : Et parfois c'est comme ça.
Et parfois, c'est comment ?
"Parfois, disons que c'est plus rac que ric... "
Vous avez eu du mal à vous remettre au travail ?
"Non. Ce qui a été difficile, c'était de mettre ensemble toutes les idées que j'avais en tête. Même si avoir des idées, c'est déjà du travail... Je me suis retrouvé avec une quantité de chansons impressionnante et il fallait faire du tri, savoir de quoi on voulait parler. Écrire des chansons, c'est bien, mais il faut trouver un fil conducteur ."
Ces 50 chansons dans lesquelles vous avez puisé, elles ont été écrites en combien de temps ?
"Un an et demi. D'habitude, je ne mets pas beaucoup de temps, entre deux albums. Là, pour des raisons de marketing, ça a duré un peu plus longtemps. Et puis, il s'est passé tant de chouettes aventures, qu'à chaque fois, on rebondissait. D'abord, on était à Bruxelles, puis on a continué à Montpellier chez Denis Moulin - le fils de Marc - et puis, on est partis à Miami, avec Patrice Kramer. C'était la personne idéale pour le job... Enfin, on est allés à Los Angeles, chez un pote de Denis, pour le mastering ! Je sais que ce ne sont pas les grosses productions qui font les bons albums, mais on s'est bien marrés ."
Vous avez eu l'impression d'avoir pu travailler dans le luxe ?
"Ça fait un peu chanteur globe-trotter et j'en ai profité. Comme je suis plutôt de nature enthousiaste et aimante pour le reste de l'humanité, ça m'a plu de pouvoir aimer des gens que je ne connaissais pas spécialement ."
C'est touchant de voir que les gens qui écrivent pour vous vous connaissent aussi bien ?
"Oui, c'est vrai. Mais c'est la vie, ça. C'est ce qu'on fait sur le côté : partir en vacances, boire des coups, faire les cons. Mais ça me touche qu'on puisse viser aussi juste. Duvall m'a écrit le prochain simple, dont on vient de tourner le clip. Ça s'appelle Demain matin (où il est question d'arrêter de picoler, etc, NdlR). Et il l'a écrite pour moi... et pour lui. "
Ce qui est sûr, c'est que beaucoup de chansons parlent de vous...
"C'est vrai, c'est mon album le plus autobiographique, je ne m'en défends pas. Je suis prêt à toutes les critiques. "
Pourquoi maintenant ?
"Parce qu'à un moment donné, j'ai eu l'impression que je partais un peu en vrille. Pouvoir dire aux gens Regardez, j'ai redressé la barre, ça flattait mon vieil orgueil de mâle. J'ai eu une période un peu difficile, crise de la quarantaine qui arrive à tout le monde, mais qui a été exponentielle, comme toujours chez moi. "
C'est la musique qui vous a aidé à sortir de là ?
"Je ne sais pas. Mais j'ai recommencé à en faire sérieusement quand il était vraiment nécessaire que je le fasse. Disons qu'à un moment, j'ai un peu confondu la vie avec une cour de récréation. "
Que votre vie privée soit étalée dans les journaux, ça vous a énervé ?
"Ça n'a rien changé à ma vie. C'est toujours bizarre quand ta mère t'appelle en te demandant si tu t'es marié, mais à part ça... Dans le gros de la tempête, on était en voyage à Zanzibar ."
Jeff Bodart, Et parfois, c'est comme ça, Pias
Propos recueillis par Isabelle Monnart