Son nouvel album sort lundi. Il sera à l'affiche des Francofolies de Spa.
BRUXELLES : "Quand j'étais gosse, je voulais acheter tous les disques qui sortaient. Je voulais lire tous les livres. Voir tous les films qu'on passait au cinéma. Je me suis vite rendu compte que ce n'était pas possible. Qu'il fallait choisir. Etablir une sélection. C'est à partir de ce moment-là que les choses se sont compliquées..."
Ces dernières semaines, l'ami Jeff Bodart a été une nouvelle fois confronté à de cruels dilemmes. Pour son nouvel opus Tes rien ou t'es quelqu'un, il a dû puiser dans quarante chansons pour finalement en extraire onze. "Parce que, au-delà, il y a le risque de dire deux fois la même chose. Et puis, il faut penser à celui qui écoute..." Le Carolo installé à Bruxelles a bien choisi. Nous n'avons pas entendu les morceaux rejetés. Par contre, les oreilles sont restées scotchées dans les onze compositions retenues. Du bon travail. Du beau travail. Qui souffle parfois le chaud et le froid mais peu importe puisqu'il y a les frissons. Avec un fil conducteur assez ténu à la première écoute, puis une évidence qui s'impose.
Selon les humeurs, les heures, voire les dispositions, on tombera sous le charme spontané du single Boire, boire, boire, adaptation libre mais pas innocente du Do da da des affreux Trio. On sera frappé par la précision des arrangements de Ne dis rien. On jouera le jeu de rôle avec Tes rien ou tes quelqu'un. On appréciera la profondeur du texte de Tu m'aimeras quand je ne t' aimerai plus ou du subtil Apprendre à tout laisser. Enfin, et surtout, on abusera encore et encore de la touche replay avec Canadair, sommet du disque et sans doute sommet de la carrière de Bodart. Une perle fine et fière arrangée comme un soundtrack de Morricone et interprétée d'une voix brumeuse. Juste comme il le faut...
Interrogez n'importe quel artiste, il vous dira qu'il est guidé par la soif d'apprendre. Chez Jeff, la leçon principale de Tes rien ou t'es quelqu'un, c'est "qu'il ne sert à rien d'aller voir ailleurs ce qu'on peut cueillir dans son propre jardin."
"Au départ", explique-t-il sur un ton enthousiaste, il y avait une envie musicale à concrétiser. Je voulais être très proche de moi, dépeindre mon univers. J'avais une idée du son et des tonalités. Dans la tête, c'était clair mais assez abstrait à expliquer. Pour moi, le chemin était simple et j'ai voulu réaliser ce disque moi-même avec ma famille."
La famille de Bodart est une famille au sens large. Il y a des noms qui sont crédités comme musiciens ou comme auteurs (Jacques Duvall, Pierre Delanoë, Rudy Léonet, Thierry Robberecht) et d'autres dont on sent l'esprit. Comme ses potes Miossec, Poelvoorde ou Biolay avec qui il a sans doute pas mal disserté sur Boire, boire, boire ou Un peu de bruit entre amis. Des amis, Bodart en a pas mal. Pour ceux qui le suivent depuis S.O.S Barracuda ou qui l'ont pris dans la roue du Vélo sans les mains, cet album offre quelques surprises. La voix a mûri. Les arrangements sont audacieux et puis, comme il le précise, c'est du Jeff. Du 100% Jeff. 50% d'un gars qui brûle la chandelle par les deux bouts (et souvent jusqu'au bout de la nuit). 50% de l'être humain, qui a ses coups de blues, ses coups de cœur et une émotion à fleur de peau. Comme vous et moi. "Il n'y a pas eu de calcul. Je ne fais pas une chanson dramatique pour une chanson sympathique. Un truc calme pour un autre plus nerveux. Je pense que tous les morceaux qui s'abritent sur l'album sont en parfait adéquation. Il me sera très naturel de les défendre sur scène."
Jeff Bodart se produira le 20 juin Tournai, le 22 juin à Nivelles et le 19 juillet aux Francofolies de Spa, sur Ia place de l'Hôtel-de-Ville. Et, connaissant son amour du live, il y aura encore d'autres dates. Ici et ailleurs... Luc Orfève
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