Jeff Bodart

Jeff Bodart

Presse 2008/2009

Jeff est parti, c'est comme ça

Vers l’Avenir, 21 mai 2008

Jeff Bodart«Ce sont des chansons proches de moi jusqu'à l'os. Je les ai enregistrées avec la conviction que je pourrais les interpréter encore dans 10, 15 ou même 20 ans.» C'était début janvier. Jeff Bodart nous expliquait le lent cheminement qui avait conduit à l'élaboration de son cinquième album. Le plus libéré, le plus autobiographique mais aussi le plus abouti du chanteur belge. Hier en fin d'après-midi, son cœur a lâché et jamais Jeff ne sera pas ce vieux chanteur qu'il avait rêvé d'être.
Jeff Bodart avait 45 ans. Jeune, beaucoup trop jeune pour mourir. Voici trois semaines, il avait été victime d'un accident cérébral doublé d'un triple infarctus. Même s’il s'en était tiré, il ne serait jamais redevenu comme avant. Et depuis quelques jours, sa famille et ses amis savaient qu'il n'y rait plus vraiment d'espoir.

C’est à la tête des Gangsters amour que Jeff Bodart avait débuté, au milieu des années 80. Un groupe au look incroyable et aux chansons rythmées qui fait directement un tabac, en Belgique mais aussi à l'étranger. Des classiques aussi qu'on réentend régulièrement sur les ondes. Qui oublié Coûte que coûte ou SOS Barracuda ! Dès 1994, Jeff se lance en solo. Il s'impose avec Du vélo sans les mains, Chacun son histoire ou encore 3 minutes et 30 secondes. Un second album suivra en 1997, de la même veine avec Une histoire universelle, La vie d'artiste, Je nous emmène. Le style Bodart s'impose. Avec sa casquette sur la tête, son demi-sourire et sa façon de ne jamais être sérieux, il construit une image. Dès le début, Jeff c'est aussi quelqu'un qui est avant tout un fameux show-man et qui se donne à 200 % à chacun de ses concerts. Côté personnalité, c'est un extraverti, capable de verbaliser tout ce qu'il ressent. En cela, il ressemble un peu à Benoît Poelvoorde qui était un de ses meilleurs amis. Pourtant dès son troisième album, on sent que le chanteur cherche autre chose. Il change de maison de disque, travaille nouveaux collaborateurs, adopte une nouvelle tête. Ça ne me suffit plus qui sort en 2001, est rempli de fraîcheur et étonne les fans du chanteur à la casquette. Mais ce qui est difficile pour lui, c'est que malgré le soin apporté à ses chansons et malgré son abattage vraiment exceptionnel sur scène, la «vraie» reconnaissance ne suit pas. Il est un chanteur connu, reconnu, apprécié... mais on achète peu ses disques. Il se retrouve trop souvent dans des tournées étriquées, dans des concerts gratuits ou en première partie d'autres... Ce manque de reconnaissance au fil des années va le miner d'autant qu'il est aussi excessif dans la fête que dans le désespoir.

En 2005 sort son quatrième album T'es rien ou t'es quelqu'un. Il y écrit la suite de ce qu'il appelle «sa petite révolution». Boire, boire, boire, Canadair, Tu m'aimeras quand je ne t'aimerai plus, autant de titres qui semblent, de plus en plus, refléter ses aspirations profondes. Le temps des Gangsters d'amour est loin! Jeff Bodart met alors de l'ordre dans sa vie et livre au début de cette année son album le plus personnel. «On a pris le temps de faire les choses convenablement, nous expliquait-il alors, je voulais qu'il me ressemble. Qu'il aborde les périodes plus difficiles de ma vie. Avec notamment les gros excès qu'entraînent les petits penchants à nouveaux à faire la fête. Et de. fait, dans Et parfois c'e., comme ça il ne cache pratiquement rien de tout ce qui lui était arrivé depuis quelques années. Dans ce disque très autobiographique il est entouré d'excellents paroliers tels Jacques Duvall, Miossec, Boris Bergman ou encore Thierry Robberecht. «Ils ont tous écrit du sur-mesure, nous avouait-il, C'est émouvant de ressentir a quel point ils me connaissent.»

Jeff semblait bien avoir remonté la pente. Il était sorti du trou. Il avait trouvé l'amour auprès d'Armelle, la jolie animatrice de la RTBF. Une romance qui avait été médiatisée. Mais le couple avait rompu voici peu... Pendant ce temps, Et parfois c'est comme ça la chanson qui a donné son titre au cinquième album de Jeff Bodart est sur toutes les lèvres. «Elle parle de la vie qui continue malgré tout, nous expliquait-il, qu'il ne faut pas se morfondre, qu'il faut trouver le positif dans les expériences les plus douloureuses. A chaque chose malheur est bon. » Depuis hier, oh sait que parfois ce n'est pas comme ça.

Charles GARDIER

Codirecteur des Francos de Spa « Nous sommes tous très malheureux, leff était un artiste de grand talent II a toujours donné des concerts exceptionnels, le me souviens d'un concert où il s'était cassé le pied et avait insisté pour poursuivre jusqu'au bout II a réalisé de magnifiques albums qu'il défendait avec beaucoup d'énergie sur scène. Il était également toujours là pour rendre service. Il a embarqué dans toutes nos aventures. Il faisait partie de la famille et toute l'équipe est touchée. Il est évident que les Francos lui seront dédiées. Et je suis sûr que les artistes auront à cœur de reprendre une chanson de leff. Nous les y encouragerons.»

William DUNKER

Chanteur «C'est difficile ce que j'éprouve là. Depuis que j'ai appris la nouvelle, je tourne en rond. C'était un vrai ami. C'était un gars qui avait une grande générosité et qui était très fidèle en amitié. Et surtout très sincère. On chantait souvent nous deux sur scène. Il aimait bien m'appeler Papa, car j'étais un peu plus vieux que lui dans le métier. C'était un grand cœur et un p'tit chapeau! Franchement, ce soir, je me sens amputé de quelque chose.

Adrien JOVENEAU

Animateur radio (VivaCité) «C'est vous qui me l'apprenez. Ça fait drôle... Il avait une telle vitalité qu'on n'imagine pas qu'il ne soit plus là. Ça fait plus de 20 ans que nos chemins se croisent, d'abord avec les Gangsters d'Amour, puis en solo, puis en parrain du Beau vélo de Ravel. J'ai envie de dire: "10 vélos sans les mains, sa chanson fétiche pour le Ravel, et la vie sans les freins." leff n'arrêtait jamais, il était toujours à fond. C'était une grande joie de vivre, une bonne claque aux mauvaises humeurs. Tu es vraiment parti trop tôt, Jeff.»

Rudy DEMOTTE

Ministre-président C. Française et Région wallonne Le ministre-président de la Communauté française et de la Région wallonne a adressé ses sincères condoléances à la famille et aux proches de l'artiste. «leff Bodart a su marquer de son empreinte la scène musicale francophone. Tous se souviendront de la simplicité et de la disponibilité de l'artiste, toujours prompt à soutenir des causes engagées telles que la lutte contre le sida ou contre la peine de mort. Avec le départ précipité de Jeff Bodart, bien plus qu'un chanteur qui se consacrait à corps perdu à son art, c'est une figure culturelle que la Communauté française a perdue.»

Rudy LÉONET

Parolier et animateur radio «Jeff, c'était une force de la nature qui se relevait d'à peu près tout. Mais cette fois, les circonstances ont fait qu'il n'a pas pu se relever.» J'ai rencontré Jeff grâce à des amis communs, qui tenaient beaucoup à me présenter cet homme spontané, gentil et généreux. Il n'était pas possible de ne pas aimer ce type, le lui ai écrit des paroles en 2007 pour son album Ça ne me suffit plus. C'était à une condition : qu'il jette la casquette. Et il l'a fait. Sans cet accessoire, il était mis à nu. Il aimait s'entourer d'une équipe et il avait une force de conviction incroyable pour fédérer tout le monde. C'était une belle personne.»

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