L'ami Bodart change de look et de chansons. Pas de cœur...
BRUXELLES
"Mon ambition avec ce nouvel album, c'est d'être aussi reconnu pour la musique et les chansons qui s'y trouvent, plus que pour l'image que je véhiculais avant. Celle de ce personnage sympathique, avec un sourire sous la casquette."
Jeff Bodart n'est plus le même. Cela se voit. Cela s'entend. Sur Ça ne me suffit plus, troisième CD solo, mais première livraison pour sa nouvelle maison de disques Play It Again Sam, le Carolo (établi à Bruxelles depuis dix-huit ans), tombe la casquette comme il tombe le masque. "Il y a une volonté de marquer le coup. De sauter le pas. C'est évident. Ma manière d'approcher les choses et de les chanter a changé. Certains textes sont plus crus. Je suis plus sincère aussi. Derrière l'homme à la casquette, il y a un homme..."
L'auditeur sera-t-il pour autant surpris avec ce disque? Oui et non. Et c'est dans ce sentiment partagé que réside la force de ces onze chansons. "Il y en avait trente au départ. Dix-sept ont été terminées. Les six morceaux qui ne figurent pas sur le CD sortiront sur des singles. La sélection a été assez difficile. C'est comme si on demandait à un père de choisir l'un de ses fils. Il y a une sorte d'unité dans ce disque. Une unité avec une double face... "
Plusieurs plumes ont participé à cette aventure, placée sous le signe de la maturité. A côté des fidèles Bodson, Gillet et Bernheim qui avaient déjà collaboré sur ses CD précédents, on retrouve les signatures de Miossec, de Marc Morgan ainsi que de Rudy Léonet (Radio 21 ).
"Avant j'écrivais tout tout seul. Je me sentais incapable de chanter autre chose que mes propres textes. C'est la raison pour laquelle je me suis d'abord tourné vers dès auteurs qui me connaissent bien. Ils m'ont perçu plutôt comme je vis que comme je chante. Certaines chansons n'étaient pas autobiographiques au moment où elles ont été écrites. Elles le sont devenues aujourd'hui", constate encore Jeff en faisant allusion au thème de la rupture sentimentale abordé sur A distance réglementaire, Depuis que tu es partie et, dans une moindre mesure, sur Java!.
Jeff Bodart parle de déclic. "Après la longue tournée qui a suivi mon second album solo, j'ai commencé à écrire de nouvelles chansons. Cela ressemblait à du Jeff Bodart. J'ai tout laissé tombé pour repartir sur de nouvelles bases. L'ancien Bodart, optimiste et entertainer, est toujours là mais moins présent. On trouve des chansons plus graves, des mots plus durs sur ce disque. Je n'aurais jamais pu chanter ces morceaux voici dix ans. Avec Ça ne me suffit plus, j'ai parfois l'impression de suivre le chemin inverse de certains chanteurs qui sont d'abord novateurs puis, avec l'âge, n'osent plus prendre de risques."
La scène ? Domaine où il excelle, elle ne sera foulée qu'à la rentrée. "J'ai hâte de donner des concerts mais je dois encore un peu attendre. Hormis quelques concerts de chauffe, la vraie tournée débutera en septembre. J'ai déjà une très bonne idée de ce que cela donnera. On sera à cinq sur scène. Mon côté amuseur sera toujours là, car c'est quelque chose de naturel, mais j'en ferai moins. Je chanterai plus. La musique sera davantage mise en avant."
On demande à Jeff Bodart s'il a écouté son disque. "Pour moi, l'exercice consiste à se demander si j'achèterais un tel album. Lorsque j'ai écouté mes deux albums solo précédents, lors de leur sortie, la réponse était non. Pour Ça ne me suffit plus, c'est oui. C'est la première fois que je voudrais acheter un de mes albums! Une fois qu'il est commercialisé, je ne l'écoute plus. Je ne possède aucun de mes trois disques à la maison. J'en ramène un et puis je le prête à un ami qui ne me le rend pas (NdIR : ce qui est plutôt bon signe). Pour être honnête, j'ai une angoisse de la nostalgie. Me pencher sur mes efforts passés ne m'intéresse pas. A la maison, je préfère écouter les maquettes que je viens d'enregistrer. C'est plus stimulant, vous ne trouvez pas ?" Luc Lorfève
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