Jeff Bodart avait envie de changement.
Il a entamé un travail long et méticuleux qui colle mal
avec son tempérament d'éternel impatient. Nouvelle maison
de disque, nouveaux collaborateurs, nouvelle tête. Pas par
principe, mais pour être mieux à l'écoute de ses envies,
surprenantes pour certains, mais parfaitement légitimes
pour lui. Une touchante révolution qui nous apprend la
vérité sur un homme qui, par excès de pudeur, avait
oublié de nous parler de lui.
Mis en chantier au printemps dernier au studio ICP à
Bruxelles et masterisé au studio Metropolis à Londres
"ÇA NE ME SUFFIT PLUS" sort aujourd'hui. Cet
album dévoile l'inspiration et les aspirations de Jeff
Bodart entouré de complices parfois inattendus. Il y
savoure une fraîcheur qui étonnera ceux qui ne voyaient en
lui que l'homme à la casquette. Un moment idéal pour des
temps nouveaux.
"Ma
casquette était devenue plus populaire que mes chansons et
je n'avais pas envie de faire un album de plus à ranger
sagement juste à côté des deux autres. Pas envie non plus
de remettre la même nappe sur la table... "
(Va savoir ce qu'il veut, caché sous sa casquette)
Politiquement correct
"Je sais que je prends
un risque : celui de déplaire. Mais le vrai danger pour moi
aurait été de répondre à une attente comme un écho.
Pourquoi tailler des chansons sur mesure pour un personnage
qu'on reconnaissait dans la rue, mais que moi je ne
connaissais plus très bien ? "
(Je ne vis que des histoires que j'ai déjà
lues, tout ce que j'avais prévu ne me suffit plus) Ça
ne me suffit plus
" Mes albums ont
toujours été des prétextes à faire de la scène. Avec le
dernier disque, il y a eu plus de 120 concerts. J'ai écrit
beaucoup de chansons durant cette tournée, mais elles ne
reflétaient que l'euphorie du rapport que j'aime entretenir
avec le public. Même si j'ai en moi ce côté chauffeur de
salles... ce n'est qu'une partie de ma vérité. "
(Couper mes fils par tous les moyens, chercher
la sortie côté jardin) Ce
qui me retient
" J'ai probablement trop
de retenue pour parler de moi et surtout pour m'en servir
dans mes chansons. Seuls ceux qui me sont proches le savent.
C'est sans doute à cause de cette pudeur que je me suis
d'abord tourné vers des auteurs qui me connaissent bien.
Ils m'ont souvent perçu plutôt comme je vis que comme je
chante. "
(Aucune ressemblance avec un personnage connu)
La
vie la mort
"J'ai parfois
l'impression de faire le chemin inverse de certains
chanteurs qui sont d'abord novateurs puis se laissent, avec
l'âge, glisser dans un moule plus proche d'une chanson de
tradition. J'ai toujours fait la musique que je sais
faire... aujourd'hui je veux d'abord faire celle dont j'ai
envie."
(Ma clé dans la serrure fait un bruit délicieux,
j'ai repeint tous les murs aux couleurs que je veux) Depuis
que tu es partie
" J'ai d'abord pensé
travailler en studio avec un producteur anglais. Mais très
vite j'ai senti qu'il se serait trop soumis à mon rythme.
J'ai donc laissé tomber parce que je n'avais plus envie
d'être le patron. Face à Yannic Fonderie, qui vient de la
scène flamande et qui ne me connaissait pas, et Erwin
Autrique, qui au contraire me fréquente depuis longtemps,
je me suis retrouvé en minorité. Un vrai bonheur que de
capituler et de me laisser faire en toute confiance. C'est
probablement le seul vrai confort que je me suis accordé
sur cet album. "
(J'ai mis tant d'années à creuser le plus
long des détours) A distance réglementaire
" Ce nouveau disque n'est pas toute ma vérité mais c'est celle d'aujourd'hui. Il ouvre une porte vers des choses que j'avais à expliquer, à explorer, à défricher, à révéler, à vivre et à chanter... Cet album est là... et j'espère que ça ne me suffira pas..."
Jeff Bodart (fev. 2001)
NOUVEL ALBUM SORTI CHEZ PIAS